Émile RIPERT adolescent
1882-1948
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1899 - Un jour, en se promenant dans les rues de Paris (voir
chapitre biographie) Émile RIPERT s’arrête devant un
bouquiniste et y voit une petite brochure sur la Provence.
Il l’achète, et là c’est l’illumination. Il découvre en lui cette
passion qui sera celle qui dominera toute sa vie.
Voici comment il raconte cette « révélation » :
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« Dans mon exil parisien j’avais un jour de pluie
et d’ennui découvert la poésie provençale, dont nul en Provence ni au lycée
, ni en famille ne m’avait jamais parlé. Oui, comme je flânais un jour sous
les galeries de l’Odéon, j’y dénichai une brochure à 10 centimes de la librairie
Blériot et Gautier ; cet humble fascicule composé par le poète Paul Mariéton,
sous sa couverture grise, contenait quelques poèmes lumineux de Mistral,
de Roumanille, d’Aubanel, de Félix Gras. Soudain à les lire le brouillard
qui m’enveloppait se dissipa ; au rythme sonore d’une langue, dont je connaissais
quelques mots et que je savais d’instinct correctement prononcer, j’eus
la révélation d’un univers poétique, qui éclipsait pour moi celui des romantiques,
des Parnassiens et des quelques symbolistes auxquels j’avais cru devoir
m’initier. Dès lors il me souvint que mon grand-père paternel était un vieux
félibre, quoique résigné à la disparition de l’antique langue, dont il ne
m’avait jamais entretenu. Mais je me rappelais que tout enfant je regardais
dans sa bibliothèque, rue des Beaux Arts à Marseille, le dos d’un livre
au titre étrange qui était resté accroché à mon esprit, Mirèio, inscrit
à la main sur une étiquette notariale. J’écrivis à mon grand-père, me procurais
le petit Trésor du Félibrige récemment édité par le Père Xavier de Fourvières,
et par lire Mirèio, sans consacrer à son achat la somme de 3 francs,
considérable pour ma bourse d’écolier, j’allais m’enfermer dans la bibliothèque
Sainte Geneviève, où dans l’odeur des parapluies mouillés, des vieux bouquins
des lecteurs plus ou moins crasseux, dans le bruit des pas et des feuillets
tournés, j’aspirais tous les parfums des Alpilles et j’écoutais chanter
les magnanarelles. »
1901 première entrevue d'Emile RIPERT avec Frédéric MISTRAL (voir
chapitre biographie F. Mistral)
Son engagement dans les milieux félibréens, ses travaux sur le Félibrige
sur la doctrine Mistralienne et la littérature de langue d’Oc font autorité
bien qu’il ne se fasse guère d’illusion sur le devenir de la langue
provençale, « On sait à quel degré de richesse
est arrivée la langue d’oïl et ce qu’en a fait la fortune politique
des rois qui la parlaient ; on connaît moins la lente agonie et la subite
résurrection de sa sœur plus modeste, cette pauvre Cendrillon de langue
d’oc, si florissante pourtant pendant les XIème et XIIème siècles, inspiratrice
alors écoutée de toute la poésie européenne, et célébrée partout grâce
à ses troubadours. » .
1918 il publie « La Renaissance
Provençale »Voir quelques extraits 
Émile Ripert examine tous les mouvements littéraires depuis les
troubadours jusqu’à la création du Félibrige. Avec cet ouvrage, c’était
la 1ère fois que le monde provençal se présentait comme matière de recherche
savante. « J’ai voulu voir en la Renaissance
Provençale de 19ème siècle non pas une manifestation locale…, mais un
mouvement plus large et plus significatif, qui se rattachait d’une part
au mouvement des nationalités, dont fut remuée toute l’Europe du 19ème
siècle, d’autre part au mouvement démocratique, qui a soulevé depuis
la évolution les masses populaires,…En partant de ces principes, j’ai
étudié de quelle façon les recherches des savants et des érudits avaient
servi à la formation d’une conscience provençale, en ressuscitant la
littérature oubliée des Troubadours sous la plume d’un Raynouard, d’un
Rochegude ou d’un Fauriel, comment le goût des romantiques pour les
littératures primitives et populaires avait remis en honneur les patois
et les traditions provinciales, comment leur conception de l’histoire
avait montré la part considérable des provinces méridionales dans la
formation de l’unité française, leur individualité, leur gloire au temps
des Troubadours, leur chute après la croisade contre les Albigeois.
Ainsi j’ai montré de quelle façon ce mouvement d’érudition avait excité
l’imagination des poètes provençaux vers 1850….Mais cette poésie du
peuple ne pouvait…,trouver dans le Midi sa forme vraie qu’en langue
provençale,….c’est la raison pour laquelle la poésie ouvrière est tombée
après 1850 et…qu’à partir de cette date la poésie de langue provençale…fleurit
définitivement e t d’immortelle façon sous la plume de Roumanille, d’Aubanel
et de Mistral. » .
En 1924, Émile RIPERT publie LE FÉLIBRIGE.
Petit volume dont le but est de donner une vue d’ensemble facile à lire
sur le mouvement félibréen et ses origines. Voir un extrait du chapitre
"Font-Ségugne : L'Armana Prouvençau"  
1934 Le titre de FELIBRE MAJOURAU est décerné
à Émile RIPERT le 20 mai 1934 
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En hommage à François-Juste-Marie RAYNOUARD (1761-1836)
- Secrétaire perpétuel de l'Académie française auteur
de "Grammaire ROMANE ou grammaire de la langue des TROUBADOURS",
publié en 1816. Emile RIPERT compose un sonnet inédit
dont l'original est retrouvé
dans les archives familiales |
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